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Dr. Constance Verdonk : une dame de coeur

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Dr. Constance Verdonk, cardiologue à Paris et actuellement en poste à l'Université de Stanford, nous parle de son métier en France et aux États-Unis, ainsi que de son rôle pendant la crise coronavirus.
Docteur Constance Verdonk, cardiologue en poste à l'Université de Stanford

Dr. Verdonk est cardiologue à l’hôpital Bichat au nord de Paris. Elle a suivi toute sa formation à l’Université Paris Descartes et a obtenu un Master 2 en recherche au sein de l’hôpital. Elle a choisi cette spécialité car elle donne la possibilité d’exercer ce métier à l’hôpital, en clinique ou en cabinet. Les deux aspects sur lesquels Docteur Verdonk n’est pas prête à transiger sont les suivants: son métier doit lui permettre d’être en interaction avec ses patients et il doit également lui offrir un cadre permettant de concilier travail et vie de famille. La profession de cardiologue lui permet de concilier ces deux exigences. Pendant sa période d’internat, Dr. Verdonk a choisi de travailler plus spécifiquement en échographie cardiaque. Pour elle, traiter un patient est une enquête: à partir des résultats de l’échographie, il faut raisonner scientifiquement pour trouver une solution pour améliorer l’état du patient.

Dr. Verdonk travaille dans le service de chirurgie cardiaque depuis déjà 7 ans. Son emploi du temps inclut des consultations, la supervision des internes, du suivi de patients qui ont reçu une transplantation cardiaque, ainsi que de l’échographie cardiaque. En tant que cardiologue dans un service de chirurgie, Dr. Verdonk coopère avec les chirurgiens pour leur donner des informations sur le patient; elle collabore également avec d’autres médecins spécialistes du cœur. Les spécialités cardiaques sont, entre autres, la rythmologie cardiaque qui se concentre sur le système électrique du cœur, et la coronarographie, qui identifie des problèmes avec les artères. Ces spécialistes travaillent régulièrement ensemble et décident par exemple si un patient a besoin d’une opération. Dr. Verdonk se rend régulièrement au bloc opératoire pour réaliser des échographies et s’assurer que la chirurgie se passe bien. Dr. Verdonk nous précise que le travail en équipe est la force d’un hôpital: pouvoir discuter avec d’autres médecins est essentiel pour avoir une bonne vue générale de l’état de santé du patient et prendre de bonnes décisions.

Dr. Verdonk continue à suivre les patients après leur opération. De nombreux problèmes peuvent survenir et nécessitent l’attention d’un cardiologue, notamment après les transplantations cardiaques. Les problèmes peuvent soit être induits par des médicaments facilitant la greffe du nouveau cœur, soit ils peuvent être faire suite à la maladie à l’origine de la transplantation cardiaque.

Le contact avec les patients constitue 90% de la journée du Dr. Verdonk. Elle passe beaucoup de temps à faire des échographies et à parler aux patients, soit pour comprendre ce qui ne va pas, soit pour expliquer les procédures. Chaque patient est différent, et le métier de cardiologue nécessite de s’adapter aux besoins de chacun. Les patients avec qui elle travaille sont généralement déjà dans une condition critique, qui nécessite une opération. 40% des patients sont des patients qui se posent la question d’une transplantation, 30% des patients vont être opérés des artères et 30% nécessitent la réparation d’une valve.

Sa carrière et son métier sont compatibles avec une vie de famille, car il n’y a que très peu d’imprévus. Dr. Verdonk précise que c’est un métier intense qui nécessite de l’énergie.

Le rôle d’un médecin au sein de l’hôpital ne s’arrête pas à l’état de santé des patients. On lui demande de donner son avis dans des décisions importantes, et de monter certains projets au sein de son service. Le Dr. Verdonk a récemment participé à un projet de santé connectée: ce projet permet aux patients de rester le moins longtemps possible à l’hôpital, et de rentrer chez eux sans crainte de complications après une opération.

Puisqu’elle ne peut pas exercer son métier aux États-Unis, Dr. Verdonk fait de la recherche à l’Université de Stanford. Sa recherche consiste à développer un outil en échographie pour déterminer quand un patient est prêt à recevoir une greffe du cœur, et quels sont les pré-requis chez le patient pour que la transplantation soit réussie. À ce jour, les seuls examens qui peuvent déterminer si un patient a besoin d’une greffe sont longs et lourds pour les patients, qui subissent déjà beaucoup d’examens pendant leur séjour à l’hôpital. Les résultats de la recherche du Dr Verdonk permettraient aux équipes de gagner du temps et aux patients de réduire la batterie d’examen pré-opératoire. L’équipe de recherche est constituée de cardiologues, mais aussi d’informaticiens, qui font de l’analyse de données pour que la procédure soit le plus automatisée et simple d’utilisation possible. Puisque ce ne sont pas les cardiologues qui font les échographies aux États-Unis, Dr. Verdonk travaille aussi avec des manipulateurs radios, et analyse les images d’échographies. Comme les spécialistes de transplantation cardiaque sont très peu nombreux à l’échelle mondiale, la communauté est très soudée. Les recherches et les résultats de l’un bénéficient à l’autre, facilitant ainsi la coopération et l’échange d’informations, afin de maximiser les bénéfices de la recherche.

Pendant le premier confinement, la France a pris la décision de faire des chirurgies électives. Cependant, les chirurgies cardiaques ont continué car certains patients ne pouvaient pas attendre 3 mois. Dans le service de chirurgie, il y avait un bloc dédié pour les patients qui n’étaient pas contaminés par la coronavirus, avec toute une équipe qui s’occupait de ces patients en particulier. Ces patients étaient à risque, parce qu’une maladie du cœur est un gros risque dans le cas du coronavirus, et ils ont aussi une immunité très faible après une opération. C’était impératif qu’il y ait un endroit pour les patients avec des problèmes cardiaques.

Avec un nombre réduit de patients, l’équipe cardiaque a eu plus de temps pour les projets de service, un avantage pour le service. Vers la fin du confinement sont également apparus de nouveaux problèmes: De jeunes patients en bonne santé avaient laissé traîner des problèmes mineurs et avaient des cœurs abîmés quand ils sont finalement venus à l’hôpital. En temps normal, ces problèmes auraient été pris en charge facilement plus en amont. Un autre effet du coronavirus: certains jeunes patients ont contracté le coronavirus et ont récupéré assez vite.

Quand Dr. Verdonk a repris les consultations en juin, les contacts avec les patients avaient beaucoup changé. Une fois que les consultations ont repris, les patients sont venus à l’hôpital, en respectant les gestes barrières. Le service de cardiologie a aussi commencé les téléconsultations pour les patients greffés du cœur. C’est un avantage, car cela leur évite de venir à l’hôpital et d’être exposés au virus. Cela permet aussi aux docteurs de répondre plus facilement aux questions de leurs patients.

Pour le Dr. Verdonk, “La médecine est un métier humain. Il faut aimer l’interaction, ainsi que s’intéresser aux autres.” Pour elle, c’est plus qu’un métier, c’est une grande vocation. “Ça me fait me lever tous les jours pour aller travailler. Chaque jour est différent, ce qui nécessite une adaptation permanente qui me motive.”

L’interview du Dr. Verdonk nous montre qu’être médecin n’est pas qu’exercer la médecine, mais ce métier permet aussi de multiples contacts avec les patients et les collègues. Ça nous montre aussi qu’il y a différentes carrières au sein du monde médical, mais que chacun doit être conscient de soi-même pour choisir un métier qui lui convient.

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