Prenons les tarifs douaniers imposés récemment. Présentés comme une stratégie économique, ils ont provoqué un choc brutal : envolée des prix alimentaires (+30 % sur certains produits du quotidien), chute massive des marchés financiers (plus de 6 000 milliards de dollars perdus), et avec ça, une onde de panique chez les citoyens. Ce sont les fonds de pension, les comptes de retraite, les économies de toute une vie qui vacillent. On est loin d’un simple désaccord politique : c’est l’équilibre psychologique de millions de gens qui est en jeu.
Les spécialistes en psychiatrie le disent clairement. Marazziti, Mucci, Silva et d’autres l’ont démontré : quand l’avenir devient imprévisible, le stress monte en flèche. Cela affecte notre concentration, notre sommeil, nos choix… et parfois, ça va plus loin. Dans l’histoire, les grandes crises économiques ont souvent coïncidé avec une hausse des suicides. Même aujourd’hui, cet indicateur tragique sert encore à mesurer l’impact mental de l’instabilité.
Mais il n’y a pas que les chiffres. Le sentiment d’être trahi ou ignoré par ceux au pouvoir peut aussi provoquer un vrai mal-être. Comme par exemple en avril avec l’élection à la Cour suprême du Wisconsin de Susan Crawford contre le candidat Brad Schimel soutenu par Elon Musk.
Cette tension a donné naissance à un autre phénomène : les « Tesla Takedowns ». Ce mouvement protestataire, organisé contre Musk et son agence « D.O.G.E » — accusée d’avoir démantelé des agences fédérales —, symbolise une chose importante : quand le pouvoir devient anxiogène, l’action collective devient une forme de thérapie.
L’anxiété et la peur seraient bien installées dans les cœurs de tous les Américains, mais ça resterait encore plus résonnant dans les familles d’immigrants. La politique actuelle vis-à-vis des personnes en situation irrégulière par rapport aux services d’immigration est particulièrement anxiogène pour de nombreuses familles. En effet, cela concerne non seulement la séparation tragique des familles, mais aussi le démantèlement de leurs vies construites aux Etats-Unis depuis de longues années. Les actions des services d’immigration sont vécues comme incompréhensives et intrusives par ces familles. Tout cela n’aident pas à calmer notre système nerveux collectif qui se déstabilise de plus en plus.
Des pancartes dans la rue, des hashtags viraux en ligne, des communautés qui s’organisent… Ce sont autant de moyens de se réapproprier un peu de pouvoir, de recréer du lien, de sortir de l’isolement mental. Face à une époque marquée par la fatigue politique, ces gestes simples prennent des allures de résistance psychologique.
Car la santé mentale, ce n’est pas seulement une affaire de diagnostics médicaux ou de consultations privées. C’est le reflet d’un climat, d’une ambiance, d’une société tout entière.