Par MalieFrouin
Je pensais que nous étions en sécurité ici. Au départ, je pensais que la forêt tropicale était ma maison, et le serait pour toujours. D’accord, je me suis trompée. Alors j’ai décidé de leur faire confiance, même après ce qu’ils ont fait. Je pensais pouvoir leur assurer un avenir meilleur. Je croyais qu’en quittant la meute, je pouvais nous assurer un meilleur destin. Mais il se trouve que je me trompais.
Les faibles lumières de la ville luisaient faiblement. Dans une petite maison à l’écart, dans un placard, reposait une cage. À l’intérieur, une jeune femelle dhole couleur caramel et ses trois chiots qui dormaient étaient collés contre son ventre. La mère lécha tendrement un-deux. Ceci le réveilla, et le petit se redressa. Sa respiration s’accélèra lorsqu’elle commença à paniquer.
“Maman ?”
“Je suis là ma chérie.”
La petite se calma. Quelques secondes passèrent, avant qu’elle ne lui demande avec un regard suppliant:
“Tu peux me raconter une histoire, maman ? Je n’arrive pas à dormir.”
“Ferme tes yeux et le sommeil t’emportera.”
La petite couina:
“J’ai essayé. Je n’y arrive pas.”
La mère soupira.
“D’accord. Je vais te raconter une histoire. Cette histoire, c’est la mienne, et comment nous sommes arrivés ici…”
Le soleil se levait tranquillement, baignant la forêt d’une lueur dorée. Suru se reposait, dormant au pied d’un arbre.
“Suru ! Vient manger.”
Une femelle dhole appella sa fille. Celle-ci se réveilla. Le reste de la meute était regroupé autour d’un chevreuil. Suru s’approcha, et alors qu’elle allait planter ses crocs dans la chair, sursauta. Un gros bruit venait de résonner dans la forêt. Les dholes relevèrent tous la tête, interrompant leur repas. Le bruit sourd se répéta. Puis, un autre se joignit au premier. Soudain, un craquement résonna. Suru courut se réfugier près de sa mère, frissonnante. Elle aperçut alors une couleur jaune vif. Ses congénères couinèrent d’inquiétude. L’objet, désormais non loin, se rapprochait dangereusement. L’énorme chose avança, mais se retrouva coincé par deux troncs. Suru se redressa, rassurée. Cette chose était bien trop large pour l’atteindre. Elle était en sécurité. Mais l’objet insista. Dans un horrible craquement, les deux arbres cédèrent alors. Les machines continuèrent de progresser. Sa mère l’appela:
“Suru ! Viens vite !”
La petite s’élança à la poursuite de sa mère. Une fois que Suru la rattrapa, elles coururent du plus vite qu’elles purent. Au loin, elle entendit ses camarades hurler de peur. Elle se retourna pour voir. Les machines ne s’arrêtaient pas, et leur passaient sur le corps. Suru se détourna, le regard voilé d’horreur. Elle s’aperçut alors que sa mère avait pris un peu d’avance.
“Maman !”
Elle cria son nom plusieurs fois, mais sa mère ne l’écoutait plus. Courant toujours plus vite, Suru se rapprocha un peu. C’est alors qu’elle entendit un bruit de machine provenant de sa droite. Elle se figea. La machine filait à toute allure vers elle.
“Suru !”
Le cri de sa mère lui parvint.
“Suru, non !”
Une force la poussa sur le côté. Suru roula dans les fougères, hors de portée d’atteinte du monstre. Elle attendit, incapable de penser ou de réfléchir, terrifiée. Alors que la machine passait dans un bruit pareil à celui du tonnerre, un buisson devant Suru frémit. Sa mère en surgit alors. Blessée, épuisée, mais vivante. Suru se jeta sur elle, poussant un soupir de soulagement.
“Qu’est-ce que c’est, tout ça, maman ?”
“Des humains. Ils viennent nous prendre notre territoire. Tu vois ces grosses machines ? Ils s’en servent pour déraciner nos arbres. Après, notre belle forêt n’est plus que des champs agricoles à perte de vue.”
Un autre bruit de tonnerre se rapprocha. Suru se retourna vivement. Dans son dos, une autre machine s’approchait. C’est alors que brusquement, la chose jaune vif s’arrêta. Le grondement cessa, et toute la structure s’immobilisa. Puis, une partie de la machine s’ouvrit, et un bipède en sortit. Celui-ci s’approcha, leur parlant dans son language. Il s’accroupit, tendit ses mains vers elles et produisit de drôles de claquement avec sa langue. La mère de Suru grogna, tentant de l’éloigner. Soudain, un couinement de détresse résonna dans la forêt. Le bipède se redressa. C’est alors qu’il s’aperçut qu’il s’agissait des autres dholes. Immédiatement, il se précipita vers son véhicule, et en ressortit avec une boîte noire. Il se mit à parler dedans, et non longtemps après, toutes les machines s’immobilisèrent, où d’autres bipèdes en sortirent.
“Et après ? Que s’est-il passé, après ?”
La petite, surexcité de connaître la suite, sautillait sur le sol.
“Pas exactement… Il se trouve que ces bipèdes étaient gentils. Ils nous ont enlevés de la zone qu’ils allaient déforester, et nous ont déplacés dans un autre endroit. J’y ai vécu avec la meute pendant très longtemps. Mais je ne voulais pas que vous grandissiez dans une cage, si grande et spacieuse soit-elle. Cependant, la vie sauvage était plus dure que dans mes souvenirs. Je n’ai pas eu d’autres choix que de me retourner vers les humains pour survivre. C’est alors que notre maître nous a adoptés. Mais maintenant, nous sommes enfermés dans cette cage… Il a trahi ma confiance.” Pourquoi, hein ? Je ne veux pas qu’ils passent leur vie enfermée, à êtres mals nourris, et ne jamais pouvoir voir l’extérieur.
Suru soupira de frustration. La petite se blottit contre elle.
“On s’en sortira, maman. Un jour, j’en suis sûre.”
La cruauté animale à toujours lieu aujourd’hui. Cela représente plusieurs milliers d’animaux maltraités par an. Parmi ces animaux, 46 % sont des chiens. Certains sont aussi abandonnés, et compte tenu de leur incapacité à vivre dans un milieu sauvage, peine à suivre. La déforestation crée de plus en plus de victimes lui aussi, dont le dhole, en voie d’extinction (statut en danger classé par l’UICN) vivant principalement en Asie centrale et orientale. Il ne resterait plus qu’entre 949 et 2215 individus dans le monde, et leur nombre ne cesse de baisser.
La déforestation joue un rôle majeur dans le nombre décroissant des dholes, notamment pour l’urbanisation et l’agriculture. Mais les dholes ne sont pas les seuls demandant de la protection, et plusieurs autres espèces ne tarderont pas à disparaître elles aussi si nous n’agissons pas. Au Canada, plusieurs espèce sont en grand danger;
- L’ours polaire (16 000 individus)
- Morse de l’Atlantique (2 500 individus)
- Le Béluga (moins de 1 900 individus)
- La baleine boréale (5 000 individus)
- Le caribou (moins de 7 000 individus)
- Le léopard des neiges et bien d’autres
(Données venant de WWF, de l’UICN, du Government Of Northwest Territories et de Canada.ca)
Quant à Suru, sa fille tint sa promesse, et 8 ans plus tard réussit à les faire évader. Suru eut droit à une belle fin de vie auprès de ses trois petits, qui eux eurent la chance de vivre à l’état sauvage, comme tant souhaité par leur mère.